Contre la ville hostile, faisons le Paris de l'hospitalité

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Faire le Paris de l'hospitalité !

"Une ville finit par être une personne" : Tels sont les mots de Victor Hugo en 1870, Mais lorsque l'époque change, les personnes et les villes changent !

Le primat accordé à l’individuelle tranquillité a anéanti les qualités de cette ville que chérissait tant Baudelaire : Paris, ce tohu-bohu, ce capharnaüm, ce théâtre de toutes les surprises, cette capitale créatrice, ce territoire d'où jaillirent tant d'idéaux et de projets.

A l'orée du XXIe siècle, à l'heure du Grand Paris, cette ville est aujourd’hui dessinée suivant les plans du ‘nettoyage’ de l’espace public. Les gestes urbanistiques escomptent le citadin comme spectateur d’un décor où il devrait se conformer, à l’ambiance décidée pour lui. Elle produit une violence protéiforme à l’encontre du passant, du flâneur, de l’errant ; elle est devenue productrice d’exclusion et de marginalisation à large échelle.

Nous faisons l’expérience de la rue non plus comme un espace de rencontres, mais comme un univers où s’expriment la peur et la méfiance, ou la violence faite à l’expression de chacun se fait de plus en plus forte.

Gouvernée par le zèle du luxe, l'impératif touristique et la tentation du tout privé, Paris s'enrichit depuis une dizaine d'années d'invraisemblables dispositifs d'éloignement de quiconque n'est pas socialement convenable. Si dans de nombreuses métropoles, se sont développées des prisons pour riches, les gated communities, un nouveau type de phénomène excluant est observable à Paris. Le déploiement d’une ville hostile visant à rendre le territoire urbain le plus inhospitalier possible : innovations architecturales agressives, mobilier urbain individualisé et inconfortable, design violent résolument incivil. Dans le métro, aux abords des vitrines, ou des établissements bancaires, tout est fait pour empêcher les personnes en déshérence de se reposer ou, pire encore, de dormir. Les rues, trottoirs, rebords et murets fourmillent de déplorables exemples : arceaux métallisés sur bancs autrefois publics, grilles grandiloquentes, compositions minérales ciselées, arbustes à la densité calculée, inventions pointues, tranchantes et encombrantes à même de décourager et d’éloigner les sans-abri. La ville hostile détourne Paris des lois de l’hospitalité.

Alors sans espérer une époque semblable à celle de la révolution industrielle où les paysans découvraient la ville avec l'espoir d’une vie moins dure, sinon meilleure, nous aspirons aujourd’hui à habiter une ville qui ne se définisse plus comme un modèle d'hostilité, comme la capitale de l’incivilité légale. Les temps ont changé, les phénomènes migratoires se sont accélérés, la précarité a augmenté. Nous voici donc collectivement convoqués à fabriquer l’hospitalité sans laquelle une ville ne saurait demeurer une ville, a fortiori Ville Lumière ! Plutôt que de commander de nouvelles trouvailles hostiles et de renvoyer ainsi dans des marges toujours plus reculées celles et ceux qui désirent vivre parmi nous, les élus doivent enfin réfléchir de manière concertée à de nouveaux moyens de répondre efficacement à ces situations de fragilité.

C'est pourquoi, nous, citoyens,  architectes, philosophes, sociologues, urbanistes, et autres amoureux de la ville, interpellons les principales autorités municipales.

S’engager pour l’hospitalité urbaine est une nécessité pour notre avenir comme pour celui de bien d’autres villes à travers le monde. C’est aussi construire le nécessaire espace commun, qui relie et rend libre, propice à l’invention et au « faire ensemble ». Faisons que sur ces questions, les élections municipales à venir soient déterminantes, tant pour l'avenir de Paris que pour celui des autres villes du monde.

Que l'imagination soit plutôt mise au service de l'accueil et non du rejet !

Devant le monde, Paris, capitale du pays des Droits de l'Homme, doit faire le choix de l’hospitalité.

Pour que Paris, après avoir été la "Capitale du dix-neuvième siècle" chère à Walter Benjamin, devienne celle du vingt-et-unième.

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Mobilisation créée par Jacques Berès, humanitaire, Merril Sineus, architecte, Yoann Sportouch, urbaniste, Sébastien Thiery, politologue, Roland Castro, architecte urbaniste
22/1/2014

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